"On ne peut pas passer partout en chaise roulante"

Se mettre à la place d'une personne en situation de handicap: Clos Fleuri l'a proposé le temps de deux demi-journées en ville de Bulle.

Les bénéficiaires de la fondation Clos Fleuri sont allés à la rencontre des Bullois. © Frapp

Les pavés, les passages à niveau et les rigoles sont des obstacles parfois dangereux pour les personnes avec un handicap physique. Des détails que les autres piétons et conducteurs ne remarquent pas forcément. De cette observation est né le projet "Accessibilité pour tous" à Bulle, qui a remporté le concours mis en place par le Service de la prévoyance sociale.

Réalisé dans le cadre des journées d'action pour les droits des personnes handicapées, "Avenir inclusif", a été porté par Pauline Girard et ses collègues de la Fondation Clos Fleuri. "Je ne pensais pas pouvoir révolutionner les choses, mais je trouvais important de pouvoir en parler", souligne Pauline Girard. 

Un micro-trottoir en ville de Bulle

Durant deux demi-journées, des bénéficiaires de la fondation sont allés à la rencontre des passants, une première fois sur la Place du Marché et une seconde fois à la hauteur d'Espace Gruyère. Ils ont pu échanger et inviter des personnes valides à se déplacer en fauteuil roulant. Pour Jean, ému de pouvoir parler de ses difficultés, l'exercice était important pour les passants: "Ils peuvent se rendre compte que la vie en fauteuil, c'est pas facile, mais nous, on est obligés d'y passer". 

Montrer les difficultés

Dans le cadre du projet "Accessibilité pour tous", une vidéo retraçant les moments forts de ces journées a également été réalisée, elle sera diffusée à l'interne et sur les réseaux de la Fondation. Conseillère communale à Bulle et conseillère nationale, Marie-France Roth-Pasquier a aussi été invitée à réagir aux images des difficultés rencontrées par les bénéficiaires: "Accessibilité pour tous", c'est un très bon projet, un projet qui aura l'avantage de montrer aux personnes qui n'ont pas de handicap, et surtout à celles qui prennent des décisions, des difficultés des personnes ayant un handicap et de l'importance pour nous d'en tenir compte dans nos aménagements".

Marie-France Roth-Pasquier salue l'initiative, mais s'étonne de voir que des espaces neufs, répondants aux normes, peuvent rester difficilement accessibles. Elle souligne néanmoins que les travaux à la rue de Vevey ne sont pas terminés et que l'accessibilité devrait être améliorée une fois ceux-ci terminés.

Quant à la question de savoir si les normes correspondent à la réalité actuelle, elle serait surprise que ça ne soit pas le cas, mais c'est peut-être un "sujet sur lequel on pourrait se pencher", tout en mentionnant le cas concret des normes des rampes dans les gares: "la Ville de Bulle s'est posée la question, comment fait une personne avec une chaise roulante pour monter cette rampe? Il faut être un sportif olympique pour y arriver." La ville a ainsi interpellé l'Office fédéral des transports (OFT) afin de voir dans quelle mesure ils pouvaient financer des ascenseurs dans les gares des villes. Bulle a fait installer des ascenseurs, sans savoir si ceux-ci seraient financés. L'interpellation a été écoutée et acceptée par l'OFT et des ascenseurs pourront être installés et financés désormais dans les gares.

Les pavés, authentiques mais peu praticables

"En ville de Bulle, on a choisi de mettre des pavés au bord des routes, qui rappellent l'ancienne Grand-Rue de Bulle, qui était pavée. Mais on se rend bien compte en posant ces pavés que ce n'est pas l'aménagement le plus simple pour des personnes en situation de handicap. On nous a fait la remarque, juste après les travaux et nous avons modifié trois ou quatre endroits dans le centre-ville où les pavés ont été posés à plat plutôt qu'en cunette, pour un accès plus facile".

Frapp - Audrey Raffaelli / Vidéo: Laura Kolly
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