Les exportations de gruyère AOP dégringolent
Les volumes chutent de 8 %, plombés par les taxes américaines. La production est réduite, mais le marché suisse reste solide.
Le gruyère suisse traverse une zone de turbulences à l’export. Entre janvier et juin 2025, les ventes internationales du fromage AOP ont reculé de 8% par rapport à la même période de 2024, selon les chiffres communiqués par l'Interprofession du Gruyère.
Une baisse particulièrement marquée sur le marché américain, avec une réduction de 15%. Un marché pourtant historiquement porteur: il représente environ un tiers des volumes exportés.
Mais cette chute doit être relativisée: "2024 avait été une année record sur ce marché", rappelle Olivier Isler, directeur de l'Interprofession du Gruyère. Les volumes actuels restent inférieurs à une année moyenne, mais sans basculer dans le catastrophique. Le principal facteur de ce repli: une première augmentation de 10%, au printemps déjà, des droits de douane américains sur le gruyère suisse.
Un repli compensé par le marché suisse
Heureusement, le marché intérieur suisse reste solide et vient quasiment compenser le recul observé à l’export. Environ 60 % du volume de gruyère produit est consommé en Suisse, contre 40 % exporté vers une cinquantaine de pays.
Malgré ces tensions, l’Interprofession ne compte pas tourner le dos au marché américain tout de suite. "Un gros travail de promotion y a été mené depuis plusieurs décennies", signale Olivier Isler, soulignant le fort pouvoir d’achat de certains consommateurs américains, capables d’absorber la hausse des prix sans renoncer au produit.
Une stratégie diversifiée pour l’avenir
En parallèle, les efforts de l’Interprofession se concentrent sur plusieurs fronts: d'abord, maintenir, voire renforcer les parts de marché en Suisse. L’Interprofession du Gruyère envisage d'ailleurs d'organiser de nouvelles campagnes de publicité incitant les consommateurs helvétiques à privilégier le gruyère AOP, "par solidarité".
Elle souhaite ensuite consolider sa présence dans l’Union européenne, et préparer l’avenir dans des zones à potentiel comme la Corée du Sud ou l’Australie. Des marchés prometteurs, mais encore marginaux en volume, et qui mettront du temps à compenser une baisse comme celle observée aux États-Unis.
Conséquence directe du recul des exportations: l’Interprofession du Gruyère a décidé de réduire les quotas de production de 5 % cet été. Une mesure pour éviter une surproduction laitière et la saturation du marché du lait industriel. Les producteurs sont ainsi incités soit à limiter leur production de lait, soit à le valoriser via d'autres types de fromages.
